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Birzeit : espoirs d'une jeunesse éduquée
La Cisjordanie est la principale région des territoires occupés palestiniens. Ses deux millions d’habitants vivent sous occupation israélienne depuis 1967, et n’ont récupéré une maigre partie de leur autonomie qu’au milieu des années 1990 avec les accords d’Oslo. En vingt ans, la situation s’est lentement dégradée et aucune solution ne semble désormais se profiler à l’horizon. Face à ces difficultés, les palestiniens accordent énormément de valeur à l’éducation. C’est pour eux l’un des seuls investissements possibles pour se construire un futur. Face au vide laissé par un territoire sans Etat, les universités se sont ainsi imposées comme des institutions incontournables et très influentes. Politiquement, économiquement et socialement. C’est le cas notamment de l’université de Birzeit, située près de Ramallah - capitale de la région - et considérée comme l’établissement d’éducation supérieure le plus prestigieux de Cisjordanie. Première université palestinienne dans les classements internationaux, Birzeit accueille plus de 13.000 étudiants chaque année. Ses cursus sont nombreux et de qualité et possèdent chacun une forte composante de conscientisation politique.
Farouq est étudiant en biologie à Birzeit. Une fois terminé son stage au sein des laboratoires de l’université, il aura terminé son Master et se mettra à la recherche d’un doctorat. Avec Lina, étudiante de 21 ans en journalisme et science politique, ce sont nos deux personnages principaux. Les deux visages qui traversent et incarnent notre reportage. Sur le campus ou chez eux, ces deux jeunes palestiniens nous racontent leur quotidien, leur espoirs, leur rêves pour l’avenir. Entre un marché du travail asphyxié, une société patriarcale et divisée, et une pression diffuse et invisible (mais présente à chaque instant) de l’occupation israélienne, les étudiants de Birzeit se sentent parfois perdus, sans repères. Pour Farouq, pas question pour autant de désespérer. Pour lui, ces difficultés sont une raison supplémentaire de se démener pour offrir un avenir à son pays. S’il n’est pas intéressé par la politique qu’il juge distante et inefficace, Farouq croit que c’est en travaillant et en développant ses compétences qu’il pourra au mieux aider ces concitoyens. De son côté Lina, ne partage pas l’optimisme à toute épreuve de Farouq. Elle se fait plus hésitante sur la possibilité d’une future Palestine débarrassée de ses maux actuels. Mais si elle ne croit plus aujourd’hui aux mobilisations de ces camarades à Birzeit, Lina sait que sa génération aura un rôle à jouer.
Pour cette jeunesse, partir à l'étranger où rester en Palestine est une question fondamentale. Lié à leur identité, leurs opportunités professionnelles et leur vision de l'éducation, ce questionnement est essentiel pour les étudiants de Birzeit. Ils sont ainsi nombreux à ambitionner de partir étudier dans une université étrangère quelques années. Farouq et Lina ne font pas exception. Si Farouq croit qu’une telle expérience ne peut qu’être bénéfique pour son pays quand il reviendra, Lina est moins convaincue par l’idée. Mais au-delà de l'expérience acquise, c'est également la question du retour au pays une fois là-bas qui rend une telle décision complexe.